Le retour aux affaires

28 août, 09h30

Le bruit assourdissant des roues du train freinant sur les rails réveilla Cimino. Dans une demi-torpeur, il se releva sur la banquette du compartiment qu'il avait réservé à son seul usage et porta machinalement la main à son revolver.
Après un dernier soubressaut, le train finit par s'immobiliser alors que dans la gare résonnait déjà le bruit des hauts-parleurs.

Cimino eut l'impression que son voyage en Sicile était passé à la vitesse de l'éclair tant il regrettait déjà l'odeur des oliviers et la sensation douce du soleil sur sa peau de méditéranéen.
Le garde du corps qu'il avait recruté au pays s'empara des valises d'un geste un peu balourd et s'employa à faire le passage vers la sortie pour son patron.
Cimino le suivit donc, sa veste sur le bras et les yeux encore embués de sommeil. Cette parenthèse enchantée, il le savait, était bel et bien finie. Il avait passé plus d'un mois et demi loin des affaires et s'il ne se resaisissait pas très vite, ses rivaux en profiteraient.
A cette pensée, le regard de Cimino se fit plus dur, sa bouche se contracta dans le rictus que tous ses hommes connaissaient si bien et deux rides se dessinèrent sur son front plissé.

Arrivant sur le quai à la suite de son garde du corps, il balaya du regard la foule de voyageurs qui inondait la gare. En principe, il aurait dû y avair un commité d'accueil, ses hommes auraient dû être là pour le raccompagner jusqu'au Q.G...
Il regarda sa montre, alors que son homme de main sicilien le regardait d'un oeil interrogateur. Cimino lui fit de la tête un signe de perplexité, et il attrapa son paquet de cigarettes dans la poche de son pantalon.

Peu à peu, la masse de gens qui sortait du train se fit moins dense, jusqu'à ce qu'il ne reste plus sur le quai que Cimino, son porte-valise et un balayeur, un peu plus loin, qui semblait s'endormir sur son outil de travail.
Un quart d'heure plus tard, Cimino fit signe au sicilien et il remontèrent le quai en direction de l'entrée de la gare. Ne voyant là non plus personne, Michael sentit dans son ventre une petite montée d'angoisse qu'il eut du mal à réprimer. Empruntant le couloir qui menait à la station de taxi, il vit ses pensées aller à cent à l'heure. Il fit mentalement le point sur tous ses rivaux. L'un d'entre eux avait-il pu tuer tous ses gars et détruire son Q.G.

Quand il était parti en vacances, il le savait, la Noobie prenait un malin plaisir à détruire plein de caïds locaux comme lui, pas vraiment pour reprendre leurs business, mais plutôt pour le plaisir de se battre. Cimino avait toujours su qu'il lui fallait se méfier de gens aussi imprévisibles mais il n'aurait pas pensé avair la malchance d'être un jour la cible de ces cinglés. Il pensa aussi à tous les gars qu'il avait un jour déssoudé, de Kroma à Napoléon et ses L.I...

Il commanda un taxi dans un état nerveux de plus en plus tendu. A côté de lui, le sicilien ne comprenait pas vraiment ce qui se passait alors qu'il mettait les valises dans le coffre. S'engouffrant dans une ford noire, Cimino banda ses muscles comme s'il montait sur un ring. Son regard, fixé sur la route, était dur et déterminé. Ses dents se serrèrent à mesure que la voiture prenait de la vitesse et il caressa la crosse en ivoire de son beretta...

ah ça fé fait du bien de te revoir...tes histoires me manquaient...

C'est clair !! elles sont énormes ses histoires ...

28 août, 13h20

Cimino avait fait arrêter le taxi en haut de la rue où se trouvait le garage, son premier quartier général. Assis à l'arrière de la ford, il s'était contenté de regarder nerveusement vers ce grand bâtiment qui ne payait pas de mine, tandis que le chauffeur laisser tourner le compteur. Il n'avait pu observer que l'activité normale d'un garage automobile de banlieue, activité de surface qui ne différait pas ce ce qui se passait avant son départ.

Le sicilien était en train de charger son gros magnum, l'ouvrant pour regarder à travers le canon avec un sérieux quasi religieux. Cimino lui avait expliqué en quelques mots d'italien le rôle qu'il allait devoir jouer et celui-ci paraissait étrangement calme.
Cimino ouvrit sa portière et glissa un billet au chauffeur sans lui jeter un regard. Sortant avec un calme feint de la voiture, il écrasa sa cigarette à demi-consummée d'un seul mouvement du pied. Le regard qu'il lança au sicilien parut plein d'un langage muet et il commencèrent en même temps à descendre la rue.

Son avantage, il le savait, était qu'il connaissait son Q.G. sur le bout des doigts et qu'il y avait plusieurs caches avec des armes et même un passage secret derrière la glace sans tain de son bureau, qui débouchait sur la maison d'à côté. Il fit donc en sorte de ne pas se faire remarquer et pénétra dans l'immeuble où se trouvait le passage dérobé, suivi par le sicilien...

très fort , j'attend la suite avec impatience...

28 août, 17h02

Le son de la conversation provenait aux oreilles de Cimino étouffé par l'épaisse glace sans tain qui le séparait de son bureau. Il était installé depuis déjà plusieurs heures dans l'un des fauteuils qu'il avait fait mettre dans cette pièce secrète. A côté de lui, le sicilien avait du mal à tenir en place depuis qu'il avait compris ce qui se passait. Il s'était levé de son siège à plusieurs reprises, approchant son visage de la glace jusqu'à l'effleurer comme s'il allait traverser le miroir et se jeter sur les hommes qui discutaient de l'autre côté.
Cimino lui avait signe de ne pas faire de bruit, mais le sicilien était un professionnel et ce conseil n'était pas en réalité nécessaire.

Pour l'heure, Cimino fumait une cigarette en regardant trois hommes qui s'énervaient de l'autre côté. Son béretta était posé sur une table basse en acajou, juste à côté d'un cendrier déjà à moitié plein.
La peur et la fureur qu'avait ressenti Cimino en pénétrant dans le bâtiment quelques heures auparavant s'étaient tour à tour changées en surprise intense, puis en déception et à présent, il sentait monter à nouveau en lui une colère matinée cette fois-ci de jubilation.

C'était Tony, son "fidèle" bras droit, celui en qui il avait confiance et à qui il avait laissait tant d'indications avant de partir qui était à présent assis dans son fauteuil (le fauteuil du chef). Il était à présent vêtu d'un costume trois pièces qui devait valoir autant que le bureau et c'était lui qui donnait les ordres. Il avait passé les trois heures précédentes à hurler sur ses subalternes pour savoir où avait disparu Cimino. Le tueur qui était censé descendre Cimino avait perdu sa trace alors qu'il entrait dans le bâtiment adjacent au garage et quand cette nouvelle était parvenu au nouveau "boss", il avait hurlé sur tout le monde et convoqué les uns après les autres tous ses nouveaux sous-fifres pour que les recherches aboutissent. A présent, le "grand" Tony suait à grosse gouttes. Il avait retroussé ses manches et desséré sa cravate comme chaque rapport qu'on lui faisait était aussi négatif. Evidemment, aucun de ses gars n'était au courant pour le passage secret et ils avaient eu beau fouiller le bâtiment d'à côté de fond en comble, il n'en avaient pas trouvé l'entrée. Malgré tous les tueurs qui l'entouraient, malgré l'homme "important" qu'il était devenu, Tony pissait dans son froc, et Cimino à seulement quelques mètres de lui, savourait par avance ce qu'il allait lui faire.

Ce dernier fit finalement signe au sicilien que c'était à lui de jouer et il se leva calmement, refermant la veste de son costume et réajustant sa cravatte, comme si ce qu'il allait faire réclamait un cérémonial particulier.
Il se tourna vers le sicilien en lui souhaitant bonne chance, alors que celui-ci disparaissait par sa sortie qui le ramenait vers la rue...

Ca fait chaud au coeur que tu soit de retour, et ton histoire et toujours aussi magnifique. Encore bravo.

28 août, 17h20

En substance, la mission qu'il avait confiée au sicilien était de braquer une voiture et de faire diversion en canardant en direction du garage. Cimino, en attendant, se tenait près de la porte dérobée qui menait vers son bureau. Il respirait lentement pour garder son calme mais sa main droite, serrant son revolver, était moite...

Des détonations retentirent finalement à quelques distances, leur bruit attenué par tous les murs qui séparaient Cimino de l'entrée du garage.
De l'autre côté, dans le bureau, Tony tressauta sur son fauteuil et se mit à hurler :
"Mais qu'est-ce que c'est encore que ce bordel? Voilà ce qui se passe quand vous suivez pas mes ordres! Putain, Mateo, vas voir ce qui se passe et préviens les gars! Activez-vous bordel! "
Les deux gars qui étaient dans le bureau sortirent leurs flingues en bons professionnels et prirent la porte, laissant Tony seul sur son fauteuil, baignant dans son angoisse et sa transpiration.
Celui-ci se leva pour s'approcher d'une des armoires et l'ouvrit à la volée. Il attrapa à l'intérieur un fusil à pompes et bourra les poches de sa veste de cartouches.

Comme Tony tournait le dos à la porte secrète derrière laquelle se trouvait Cimino, celui-ci actionna précautioneusement le mécanisme d'ouverture.
Tony, toujours tourné vers son armoire, chargeait frénétiquement le fusil, jetant des regards réguliers vers la porte du bureau.
Michael approcha de lui, marchant à pas feutrés sur la moquette beige du bureau, le revolver pointé dans sa direction.

Tony enfonçait la sixième cartouche dans son fusil quand Cimino lui donna un grand coup sur le haut du crâne avec la crosse de son flingue. La vision de Tony se troubla, l'image vacilla et il sentit que ses jambes ne pouvaient plus le porter. Alors qu'il tombait, il eut à peine le temps d'entrevoir la forme terrifiante de Cimino au-dessus de lui, qui le regardait avec un rictus amer.

Cimino retrouva alors son calme. Il prit le temps de fermer à clé la porte de son bureau, posa sa veste sur son fauteuil et se releva les manches. Il paraissait songeur quand il attrapa son couteau dans la poche de sa veste, qu'il posa à côté de son paquet de clopes...

28 août, 17h38

De grands heurts se faisaient à la porte du bureau. Derrière, les hommes de mains de feu-Tony essayaient très clairement de défoncer la porte.
La voix de Mateo, un immigré italien de deuxième génération étaient progressivement devenue plus inquiète : "chef! Qu'est-ce qui se passe, chef?! Ouvrez ! C'était rien, juste un gars, on l'a dessoudé et puis basta !"

A l'intérieur, Cimino était assis à son bureau, les pieds posés dessus, en train de fumer une clope. Il avait du sang jusque sur le visage. Ses mains en étaient pleines, c'est certain, mais toute sa chemise dégoulinait littéralement de ce liquide visqueux. Sa clope, même, portait la marque de ses doigts ensanglantés.

Au sol, une grande flaque s'était formée, inondant tout un coin de la pièce, imbibant la moquette qui n'était plus beige du tout. Au milieu de cette mare, sur le dos, reposait les restes d'un cadavre. Plus aucun liquide ne s'échappait de ce corps désormais exsangue, comme le flot de sang avait été puissant quand Cimino était parvenu tant bien que mal à en découper la tête.

Cette tête dépeignée et bleuie par l'absence de sang, trônait à présent sur le bureau juste aux pieds de Cimino.

Comme les coups sourds qui résonnaient contre la porte s'intensifiaient, Michael Cimino attrapa une fois de plus son flingue et le pointa en direction de l'entrée.
Quand la porte finit par céder, les deux gars qui entrèrent brusquement dans la pièce suivis quasi-directement par plusieurs autres qui les talonaient ne purent faire autrement que marquer un temps d'arrêt devant cette boucherie...
Mateo, le premier lieutenant de Tony fut même prit d'un hoquet comme s'il allait vomir, mais personne n'osa diriger son arme sur Cimino.

Celui-ci, machouillant son mégot presque consummé, demanda calmement : "alors, quoi de neuf pendant mon absence?"

waou trop fort!!! tu de vrai écrir un bouquin

A quand la suite ???
Vraiment bravo à toi pour ces écrits !!!!!

Kryslap [FBI] a écrit:

A quand la suite ???
Vraiment bravo à toi pour ces écrits !!!!!

c'est cimino le roi du RP

merci les gars, ça fait plaisir